Potin à la grosse tête (helvetica)
Message posté...: Mer 6 Jan 2016 11:27
Des potins « Helvetica fecit »
Les études plus récentes (Gruel-Geiser 1995) proposent, pour la monnaie coulée de potin de la Gaule celtique dite « à la grosse tête », d’abandonner l’attribution unique aux Séquanes et de les octroyer plus raisonnablement à un large Centre-Est, intégrant au sud le territoire suisse occidental. Ces nouveaux dérivés inédits du prototype (référence BN n° 5371) sont indubitablement helvétiques par la qualité de l’iconographie de l’avers du type A et par la présence sur le revers du type B de la croix isométrique. Une tradition mal documentée attribue l’invention de l’arbalète (manuballista) aux Helvètes, avant son adoption et son amélioration par l’armée romaine. Cette origine helvétique semble donc désormais prouvée par la confrontation entre les motifs iconographiques de l’avers du type A et du revers de type B. L’arbalète déchargée figure allégoriquement un peuple non belliqueux et neutre – quoique armé –affichant ainsi sa détermination à se défendre. De fait, les types A et B révèlent une production indigène spécifique assimilant une espèce monétaire étrangère tout en la personnalisant sur une face. Il s’agit d’un procédé similaire au numéraire « euro » moderne, qui associe un avers commun et des revers individualisés par pays.
Ces modifications suggèrent que l’autorité émettrice cherchait à se distinguer avec ses propres images culturelles et patriotiques, ceci tout en reproduisant un type monétaire allochtone, avéré, fort et réputé, sans doute pour que ses pièces soient aussi reconnues et admises par ses voisins. Cet esprit de mi-décision ou de demi-mesure, teinté d’un certain besoin de reconnaissance extérieure, indique que le peuple émetteur jouissait vraisemblablement d’un pouvoir limité. Il devait dépendre politiquement et/ou économiquement des peuplades qui l’entouraient, d’où le besoin d’établir une monnaie de potin identifiable dans une communauté d’échange plus vaste que le territoire helvète. Le dessein d’une propagande clanique y transparaît également.
De tels caractères ne laissent plus de doute : il s’agit bien d’une authentique création autochtone, « Helvetica fecit ». Ce n’était pas aussi aisé à démontrer pour les potins parfois prudemment qualifiés de séquano-helvètes – qu’il convient désormais de qualifier de types anciens – précurseurs et moins évolués que les espèces présentées ici pour la première fois. Les variantes « A / B » sont sans contredit postérieures au prototype connu (désigné comme « séquane » – ou, selon la nouvelle dénomination « du Centre-Est de la Gaule »), daté généralement aux environs de 80 à 50 av. J.-C. Il semble en effet avéré que les pièces identifiées à Aigle ont été produites après la Guerre des Gaules (58-51 / 50 av. J.-C.) et le retour forcé des émigrants helvètes survivants du massacre survenu près de Bibracte (110’000 rescapés sur 368’000, selon Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules). Rappel : à l’équinoxe de printemps de 58 av. J.-C., les Helvètes, qui avaient abandonné leurs terres et brûlé leurs biens, engagent un exode général vers l’ouest, à destination de la Saintonge, dans les environs de la ville actuelle de Bordeaux. Mais c’était sans compter sur la vigilance du général de l’armée romaine, Jules César.
Ironie de l’histoire monétaire helvétique, ces potins « à la grosse tête » atypiques se révèlent bien plus typiques que ceux prudemment attribués jusqu’ alors.
( Source et plus d'infos : Alain Besse - http://monnaiesanciennes.blogspot.ch/ )
Les études plus récentes (Gruel-Geiser 1995) proposent, pour la monnaie coulée de potin de la Gaule celtique dite « à la grosse tête », d’abandonner l’attribution unique aux Séquanes et de les octroyer plus raisonnablement à un large Centre-Est, intégrant au sud le territoire suisse occidental. Ces nouveaux dérivés inédits du prototype (référence BN n° 5371) sont indubitablement helvétiques par la qualité de l’iconographie de l’avers du type A et par la présence sur le revers du type B de la croix isométrique. Une tradition mal documentée attribue l’invention de l’arbalète (manuballista) aux Helvètes, avant son adoption et son amélioration par l’armée romaine. Cette origine helvétique semble donc désormais prouvée par la confrontation entre les motifs iconographiques de l’avers du type A et du revers de type B. L’arbalète déchargée figure allégoriquement un peuple non belliqueux et neutre – quoique armé –affichant ainsi sa détermination à se défendre. De fait, les types A et B révèlent une production indigène spécifique assimilant une espèce monétaire étrangère tout en la personnalisant sur une face. Il s’agit d’un procédé similaire au numéraire « euro » moderne, qui associe un avers commun et des revers individualisés par pays.
Ces modifications suggèrent que l’autorité émettrice cherchait à se distinguer avec ses propres images culturelles et patriotiques, ceci tout en reproduisant un type monétaire allochtone, avéré, fort et réputé, sans doute pour que ses pièces soient aussi reconnues et admises par ses voisins. Cet esprit de mi-décision ou de demi-mesure, teinté d’un certain besoin de reconnaissance extérieure, indique que le peuple émetteur jouissait vraisemblablement d’un pouvoir limité. Il devait dépendre politiquement et/ou économiquement des peuplades qui l’entouraient, d’où le besoin d’établir une monnaie de potin identifiable dans une communauté d’échange plus vaste que le territoire helvète. Le dessein d’une propagande clanique y transparaît également.
De tels caractères ne laissent plus de doute : il s’agit bien d’une authentique création autochtone, « Helvetica fecit ». Ce n’était pas aussi aisé à démontrer pour les potins parfois prudemment qualifiés de séquano-helvètes – qu’il convient désormais de qualifier de types anciens – précurseurs et moins évolués que les espèces présentées ici pour la première fois. Les variantes « A / B » sont sans contredit postérieures au prototype connu (désigné comme « séquane » – ou, selon la nouvelle dénomination « du Centre-Est de la Gaule »), daté généralement aux environs de 80 à 50 av. J.-C. Il semble en effet avéré que les pièces identifiées à Aigle ont été produites après la Guerre des Gaules (58-51 / 50 av. J.-C.) et le retour forcé des émigrants helvètes survivants du massacre survenu près de Bibracte (110’000 rescapés sur 368’000, selon Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules). Rappel : à l’équinoxe de printemps de 58 av. J.-C., les Helvètes, qui avaient abandonné leurs terres et brûlé leurs biens, engagent un exode général vers l’ouest, à destination de la Saintonge, dans les environs de la ville actuelle de Bordeaux. Mais c’était sans compter sur la vigilance du général de l’armée romaine, Jules César.
Ironie de l’histoire monétaire helvétique, ces potins « à la grosse tête » atypiques se révèlent bien plus typiques que ceux prudemment attribués jusqu’ alors.
( Source et plus d'infos : Alain Besse - http://monnaiesanciennes.blogspot.ch/ )